jeudi 16 avril 2015

Avis de tempête

Pour finir comme ça :

Lettre ouverte à Petit Bateau
La pilule a du mal à passer. Cette pilule est celle de la déception.
Déception d’une cliente qui a 4 enfants, et des piles et des piles de bodies bébé, tee-shirt, caleçons, pyjamas de la marque Petit Bateau. La même chose pour la marque Boutchou de Monoprix. 2 marques françaises qui ont accompagné tous les stades d’évolution de ma famille, ces 2 marques ont comme point commun d’avoir un discours d’entreprise honnête et responsable.
Puis il y a eu le Cash Investigation d’Elise Lucet sur le Bangladesh avec le petit bermuda Boutchou (@Monoprix) fabriqué par des enfants.
Puis il y a eu l’horrible Rana Plaza, l’effondrement de ce building au Bangladesh le 24 avril 2013 et ses 1137 morts.
Des marques internationales et françaises impliquées. Et pourtant, même s’il y avait un déni dans l’implication dans ce drame historique pour des marques françaises comme Auchan il y avait sur leurs étiquettes le lieu de fabrication.
Le truc le plus fou c’est qu’on se disait que depuis l’affaire des sweatshops de Nike des années 90, plus aucune entreprise qui se respecte ne prendrait le risque de flinguer son image en faisant travailler des enfants ou des êtres humains dans des conditions indignes. Et bien si. L’atroce 24 avril 2013 nous l’a prouvé.
Des marques sur lesquelles je ne me posais pas de question sont devenues suspectes à mes yeux tout simplement parce qu’il n’y avait rien marqué sur leurs étiquettes, qu’elles omettaient de dire où étaient produits les vêtements qu’elles vendaient.
Alors que je leur accordais ma confiance, j’ai commencé à regarder leurs étiquettes.
Bizarre, il n’y avait rien indiqué.
Pas de « Made in ».
Je croyais que c’était une obligation légale. Il faut croire que non.
A la place, du « Made In » un numéro de téléphone ou une adresse postale de service consommateur.
Pourquoi les pays de fabrication sont ils dissimulés ? Il y a donc des choses à cacher ?
Hier, j’ai décidé de poser la question à Petit Bateau, via leur page facebook, je venais de recevoir un vêtement étiqueté « Maison française de qualité depuis 1893». De nombreux parents se la posent aussi, ils ont liké ma question.
La réponse je n’en reviens toujours pas : ce n’était ni en France à Troyes sur lequel ils communiquent tout le temps. Ni au Maroc. Ni en Tunisie.
Cette pièce a été fabriquée en Chine. Voilà. Personne ne sait que Petit Bateau produit en Asie. La plupart des clients et leurs propres vendeurs en boutique pensent qu’ils produisent en France ou dans « leurs » usines au Maroc ou en Tunisie. (Certains de leurs salariés pensent aussi que le label Oeko-tex ça veut dire bio d’ailleurs, passons)…
27 millions de pièces sortent chaque année. Combien sont-elle produites en Chine, probablement Bangladesh ?
Dans les cas d’Auchan, de Monoprix et de Petit Bateau, le mal au cœur arrive lorsque l’on comprend que les valeurs affichées sur les écrans publicitaires, sites de vente en ligne et des rapports « développement durable » sont à mille lieues de la réalité du terrain.
S’il y a de la fierté de voir des entreprises françaises réussir, il y a un immense sentiment de trahison quand on se rend compte que c’est au prix de la tromperie des clients.
Faut-il que ces marques prennent leurs clients pour des demeurés pour les tromper avec des slogans : « maison de qualité française », « distributeur responsable »etc, …
Voilà ce que nous, les demeurés de clients, vous disent : « nous savons et nous imaginons que vous n’êtes pas parfaits. Personne ne l’est. Dîtes nous juste qui vous êtes et surtout ce que vous faîtes. Rien de plus rien de moins. »
Je pense souvent aux salariés de ces marques, certains sont des amis. Ces salariés je les respecte. Une question me taraude. Que pensent-ils de la différence entre l’image que se donne leur entreprise et la réalité qu’ils côtoient quotidiennement ? Comment reçoivent-ils les belles valeurs humanistes affichées en dehors et les injonctions d’augmentation de marges collection après collection au prix de l’éthique parfois en dedans ?
Une question nous est posée à tous à chaque instant de nos vies : la fin justifie t’elle les moyens ?
Partout dans la société la défiance s’est incrustée lentement, insidieusement, durablement. Il n’y a qu’un remède à ce cancer qui va bien finir par nous empêcher de nous supporter. Ce remède, c’est la transparence.
Lui seul peut restaurer la confiance pour construire ensemble, nous projeter ensemble.
Les consommateurs, les citoyens sont trompés, sciemment, à longueur de vie. Par des bulletins, par des étiquettes. Il est temps que cela cesse. Enfin.
Parlons-nous d’adulte à adulte.
« Je délocalise parce que je ne marge pas assez ou parce que je veux sauver les emplois en France » Soit. Dîtes le nous.
« Les gens qui confectionnent pour moi des vêtements sont payés au niveau du seuil de pauvreté pour 60 heures par semaine ». Et oui, dîtes le nous aussi.
Et avec toutes ces informations, toi, le consommateur, avec les achats que tu feras, tu dessineras le monde qui vient.
Et tu en seras responsable.

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